Il m’arrive de rencontrer des thèmes liés à la traduction technique pour lesquels je ne trouve pas de sources solides en ligne. Les pistes ci-dessous pourraient donner lieu à un mémoire de master ou à une thèse. Je cède librement ces idées — merci de m’écrire si vous en utilisez une.
J’observe — du moins en Espagne — une tendance à éviter les arabismes. Par exemple, acequia est remplacé par canal ; alhaja par joya ; alberca → piscina ; ojal → agujero ; alacena → despensa, etc. Il est logique que ce lexique recule à mesure que le contexte historique change et que l’influence culturelle arabe diminue. Mais y a-t-il d’autres facteurs ? Peut-être ces mots sonnent-ils « vieillis » et, pour paraître plus modernes — voire plus savants — on préfère des termes d’origine latine ou anglaise.
L’objet de recherche serait de mesurer l’existence et l’ampleur de cette tendance, indépendamment des causes. Les grands corpus et les outils TAL rendent l’étude tout à fait faisable.
Exemple à suivre : alcancía (arabisme) vs hucha (d’origine latine).
Le mot paraît être une unité évidente, mais sa définition est étonnamment délicate. En linguistique, on le décrit souvent comme « l’unité minimale porteuse de sens, autonome à l’oral, et remplissant une fonction syntaxique ». Définition utile, mais mise à mal par des cas comme díjoselo (une seule forme graphique composée de plusieurs morphèmes) face à se lo dijo (trois formes graphiques au sens identique).
Chaque domaine met l’accent sur une facette : la morphologie sur la structure interne (racines, affixes, groupements de morphèmes), la syntaxe sur la fonction et la combinatoire, tandis que l’orthographe et les logiciels appliquent d’autres critères. Les perspectives ne coïncident pas toujours : ce qui compte comme mot pour la morphologie ne l’est pas forcément pour l’orthographe — ni pour un traitement de texte.
Cette ambiguïté a des retombées concrètes en traduction, où la tarification se fait souvent au mot. Mais qu’est-ce qui est compté ? horse-race vaut-il un ou deux mots ? Et can’t ? Que fait-on des verbes composés/à particule en allemand (zurückkommen) ? Des sinogrammes en chinois ? Des clitiques en espagnol ? Comment comptent Microsoft Word et les différents outils de TAO ?
Une thèse pourrait cartographier ces écarts et proposer un protocole normalisé de comptage de mots pour la pratique professionnelle.
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